Le paysage est notre espace de vie

19.08.22

En vue du passage du projet de révision de la LAT2 au Conseil National, nous avons pris un moment pour discuter avec Ursula Schneider Schüttel, membre du comité d’initiative, actuelle présidente de ProNatura Suisse et députée au Conseil National pour le canton de Fribourg. Dans son interview, nous revenons sur les raisons qui ont fait naître l’initiative ainsi que les impacts sur le climat politique et économique actuel que pourraient avoir l’initiative dans le cas où elle passerait.

Photo Ursula Schneider Schüttel

Ursula Schneider-Schüttel, membre du comité d’initiative et présidente de Pro Natura Suisse.

En tant que présidente du comité central de Pro Natura et de membre du comité associatif à la base de la double initiative, que représente pour vous l’Initiative paysage ?

Ursula Schneider Schüttel: Le paysage est notre espace de vie. Il fait partie de nos origines. L’initiative paysage incarne pour moi l’engagement que nous prenons en tant que peuple pour garantir à la nature sa place et d’agir contre la construction et la destruction irréfléchies du paysage.

La séparation entre zone à bâtir et zone non constructible existe déjà dans la loi. Pourquoi est-il important d’inscrire ce principe dans la constitution à travers l’initiative ?

Il faut redonner de l’importance au principe de séparation des zones constructibles et non constructibles. Il a été de plus en plus vidé de sa substance ces dernières années, y compris par le Parlement. Les intérêts individuels passent souvent avant les intérêts de la population.

Dans la loi, les plans directoriaux d’aménagement sont l’affaire des cantons. Est-ce que le texte de l’Initiative paysage aurait une incidence sur le rôle des cantons dans l’aménagement du territoire ?

Les cantons conservent leur rôle important, mais doivent rendre compte de l’exécution. Ils doivent prendre leur tâche d’exécution plus au sérieux et veiller à ce que les constructions en dehors des zones à bâtir restent l’exception.

Dans discussion politique, on parle de plus en plus d’une scission entre les milieux de protection de la nature et du paysage et ceux des énergies renouvelables. Les deux doivent-ils forcément être en confrontation ?

L’Initiative paysage n’entrave pas le développement des énergies renouvelables; il faut, comme jusqu’à présent, une planification et un zonage corrects des sites. La promotion des énergies renouvelables ne doit pas se faire au détriment de la nature et du paysage. L’objectif de cette promotion est en effet de réduire la pollution de l’environnement par le CO2 et de freiner le changement climatique. Cela doit aller de pair avec une protection adéquate de la nature et du paysage.

Pour continuer sur la question précédente, l’aménagement du territoire, et notamment la conservation de zones non à bâtir ne constituent-elles pas un point clé pour lutter contre la crise climatique ? Et si oui, quels pourraient être les impacts concrets de l’Initiative paysage sur cette question ?

La séparation des zones constructibles et non constructibles joue un rôle important dans la protection du climat. En effet, pour faire face à la crise climatique, nous devons non seulement miser sur une réduction des émissions de gaz à effet de serre nocifs, mais aussi sur une plus grande biodiversité. Pour cela, nous devons laisser suffisamment d’espace à la nature et minimiser l’artificialisation du sol. L’Initiative paysage y contribue.

Une thématique centrale liées aux zones non à bâtir est l’agriculture. Est-ce que l’Initiative paysage fait encourir un risque particulier pour ce pan-là de l’économie ?

Non, bien au contraire! En séparant clairement les zones constructibles des zones non constructibles, on continue à disposer de suffisamment de terres pour l’agriculture (dépendante du sol) et donc pour la production de denrées alimentaires.

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